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Les baumes d'Alazia
20 septembre 2005

Deux pas derrière, un devant

Debout sur le pèse-personne, pieds nus et de dos, j’attends. Elle aussi. J’entends le balancier qui tranquillement se stabilise. Elle regarde, vérifie et contre vérifie. Je ne vois pas le résultat, mais je m'en doute. Je descends. Silence.
- On s’en parlera dans mon bureau, me murmure-t-elle.

Qu’est-il arrivé? Pourquoi n’ai-je pas mieux senti le mouvement de ma marche vers l’espoir qui subtilement a fait marche arrière? Se peut-il que j’aie été aveuglée par un irrésistible besoin de guérison? Que la lumière de la délivrance m’ait éclairée suffisamment longtemps pour que je puisse en goûter toutes les saveurs, en sentir toutes les odeurs, en toucher toutes les textures, en voir toutes les beautés et, que de ce fait, je n’arrive plus à reconnaître l’anorexie qui continue pourtant de me guetter, de m’attirer vers elle pour m’enchaîner de nouveau? Le trouble m’a-t-il trompée? Me suis-je naïvement laissée séduire par lui, enlacée par ses tentacules, enchaînée par ses câbles d’acier?  Peut-il rester en place sans que je sente consciemment sa présence? Ne se fatigue-t-il jamais? Mon anorexie me domine-t-elle à mon insu? Tirera-t-elle les ficelles de ma vie encore bien longtemps? Je la connais bien pourtant. Je l’ai souffert. Dans le creux de mon ventre, sous ma peau, dans mes os, sur la racine de mes cheveux et dans le blanc de mes yeux, elle m’a envahie comme on prend possession de quelque chose. J’étais sa chose à elle. Contre mon gré, je l’ai incarnée. Alors comment cela se fait-il qu'elle puisse encore me berner?
C'est la peur qui guide ses actes. Je réalise aujourd'hui que j'ai encore peur. Et que mes peurs me conduisent encore vers elle, et parfois bien spontanément. Je suis de retour en thérapie, parce de récents soucis ont confirmé l'infirmité que je croyais avoir complètement soignée.

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