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Les baumes d'Alazia
15 juillet 2005

Sortez le champagne!

Pourquoi si silencieuse dernièrement? Disparue? Peut-être. Amoureuse? Possible. Accidentée? N'imaginons pas le pire...

À dire vrai, je n'avais pas la tête à écrire, aussi surprenant que cela puisse paraître. Pas que je sois de nature renfermée, au contraire. Depuis quelque temps, m'ouvrir aux autres n'est justement plus du tout un effort. Je me lance, je fonce et advienne que pourra. Mais cette fois, à mon insu, mon corps devait exiger de moi une énergie supplémentaire pour ce qu'il se préparait à faire... Sortez les fraises et le champagne, et que personne ne bouge! Mon corps s'est enfin arrêté au feu rouge. Événement polysémique et bouleversant, la réapparition de mes menstruations a entraîné un amalgame de pensées et d'émotions qui se bousculaient trop en moi pour que j'arrive à les mettre en ordre et à les traduire en phrases intelligibles.

Imaginez : deux ans et demi. Mes dernières règles remontaient au 19 décembre 2002. Depuis ce jour, plusieurs pensées et émotions m'ont traversées l'esprit à ce sujet. Quand je songeais à l'absence de mes menstruations, dans les hauts comme dans les bas, je me suis tour à tour sentie fière, triste, angoissée, apeurée, indifférente, satisfaite, coupable, amusée, soulagée, anormale, et j'en passe... Leur retour la semaine dernière est pour moi extrêmement significatif. C'est un peu comme la dernière étape, le dernier objectif qu'il me restait à atteindre pour laisser le rétablissement entrer en moi totalement, et me submerger.



Malgré le bien-être que j'atteignais, j'avais toujours le fardeau de cette absence invisible, celle de ma féminité profonde. Cette marque ultime de l'anorexie, la première à se manifester et la dernière à me quitter, pesait inlassablement sur ma conscience, entretenait mes restes de culpabilité face à ce que je m'étais moi-même infligée, face à l'élan auto-destructeur auquel je m'étais accrochée. Depuis quelque temps, l'absence de mes règles m'obsédait de plus en plus. Je restais toujours à l'affût du moindre signe, changement d'humeur, irritation de la peau, malaise abdominal, etc. Plus les jours avançaient, plus je me désolais de croire que je n'aurais peut-être pas la chance d'avoir des enfants un jour, que me os allaient de mal en pis. De plus, avec l'arrivée du printemps, je sentais ma libido monter en flèche. Pour la première fois depuis des siècles, je me lichais les babines à la vue d'un mec aux belles fesses! Paradoxalement, l'absence des règles occupait tout mon esprit, me rappelant sans cesse mon étrangeté et ma déficience en matière de féminité. On peut facilement comprendre pourquoi, ce matin-là, assise sur la toilette, j'ai eu le souffle coupé à la vue du sang sur le papier... Sur le coup, je suis passée en mode contemplation et béatitude, j'étais complètement bouche-bée. Ce n'est qu'une heure plus tard, dans l'autobus qui me menait au bureau, que j'en ai pleuré derrière mes lunettes fumées.
Soulagée...

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