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Les baumes d'Alazia
11 septembre 2004

Résistance d'Ana

Résistance d'Ana
Le pas à faire, la porte à franchir est si minime au fond. J'y suis presque. De l'autre côté, j'aperçois les Autres. Ils ne me voient pas, ma tête n'est pas assez grosse, ma voix assez forte. Prise dans le miroir, je ne me vois plus aussi bien qu'avant. Je me sens faible, comme les autres maintenant, qui succombent aux gourmandises sans remords. Moi, avant je pouvais m'en passer. Les quatre murs se rapprochent, me serrent, m'empêchent de respirer. Je pense mourir parfois. Sans passion, sans caresse, sans enfant, sans baiser, sans main à prendre, sans sens.

Qui voudrait d'une moi? Toute ma vie n'est qu'une grande bêtise, une seule et grande illusion pour tous. Tout cela, cela qui m'entoure : les objets, les papiers, les taches. Du gros mensonge, de l'apparat, un musée non visité, un cirque absurde. Je jongle avec n'importe quoi, n'importe comment. J'aime quoi, moi? Je fais quoi, moi? Je suis où, moi? Je suis nulle part, perdue. Même plus capable de me restreindre. Qui voudrait d'une moi pareille? Qui voudrait perdre son temps? Comme je perds le mien là devant cette chaise vide, le regard vide.

La peur au ventre, celle d'aller au dehors, au devant. Qui voudrait de moi? Qui ne sait rien, qui n'a rien vu, rien connu? Qui n'a rien à dire, qui ne dit jamais rien, par peur du dehors, du devant. Aucune passion dans les yeux. Le cirque s'agite. Comment tout rattraper? Qui voudrait d'une moi? D'une peureuse juste en sécurité entre ses quatre murs serrés, devant sa chaise vide, entourée d'objets, de papiers, de taches? Qui? Qui? Qui? Pas moi, en tous cas.

Comment en suis-je arrivée-là? La cassure. Le mal à l'âme. Le mal au corps. Le vide dans les yeux. La peur de l'autre. L'oubli du rire. Le nuage sur ma tête. Le fardeau que j'impose aux autres. Les gens me fuient et je suis loin derrière, sans force, sans souffle. Je ne suis plus dans la course. Je ne comprends plus où j'en suis. Je me sens comme une enfant, une gamine perdue. Incapable d'être une femme, d'avoir des goûts de femme, des envies de femme, des rêves de femme, un corps de femme. Incapable. Qui voudrait d'une incapable?

Chercher le repos, le plaisir, le calme. Chercher dans la réalisation de soi, l'oubli de tout dans la joie du moment. Chercher sans regarder. Ou regarder ailleurs. C'est si bien de souhaiter être ceci, être cela, mais ne rien accomplir pour être ceci et être cela, ça mène où tout cela?
Enfin, je tends la main. Aidez-moi... Aidez-moi...

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