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Les baumes d'Alazia
21 juin 2004

Grande pause

Je déambule dans les rues, les yeux embués de larmes. Des pleurs incontrôlables secouent mon corps. Quand je suis seule, je me sens si vide et inutile, si perdue et désemparée, si coupable et incompétente. Incompétente même face à moi-même, dans les propres occupations dont moi seule suis témoin au quotidien. Arriverai-je un jour à me défaire de ces souffrances, à me libérer de ces peurs qui m’étouffent et de la solitude atroce qui me gruge par en dedans. Celle qui, jour après jour, tue chaque parcelle d’espoir que j’aurais peut-être réussi à préserver? Je ne compte plus le nombre de nuit où le silence se brise par la plainte de mes sanglots. Comment puis-je arriver à croire que je suis désirable, belle, si depuis plus de six ans, aucun homme ne m’a prise dans ses bras en me murmurant « Je t’aime » ? Je ne sais plus ce que sont la complicité, la tendresse, le désir, les caresses, l’amour, la vie à deux, le partage amoureux…

Le temps file et, avec lui, je vois tous mes rêves de jeune fille partir en fumée. Avoir des enfants… Je réalise même aujourd’hui que l’abstinence a créé une autre problématique. Elle a développé en moi un mal-être dans l’intimité… La crainte inouïe de déplaire, l’absence totale de laisser-aller. Je m’aliène dans mon mutisme et du haut de ma forteresse. Je n’ouvre plus les portes de ma souffrance, craignant de lire la déception sur le visage de ceux qui n’ont jamais cessé de m’encourager. Je ne peux me résoudre à leur avouer mon désespoir. Comment serait-ce possible? Après tout ce temps d’efforts déployés, de thérapie et de remises en question? Suis-je normale de prendre autant de temps à me rétablir? Et mes parents qui croient en moi, qui payent les soins que l’on me prodigue. Suis-je entrain de foutre tout en l’air? Le courage me manque-t-il? Je m’efforce de cacher que je ne suis pas à la hauteur de leurs espérances en masquant ma tristesse sous une bonne humeur forcée. Je m’enfonce. Ai-je touché le fond? S’apprête-t-il à m’engloutir? Quand je tente de lever les yeux vers le ciel, je n’y vois souvent que noirceur. Mais malgré tout, je cherche encore la lueur.

Côté alimentaire, j’ai de quoi être fière quand même… C’est toujours cela de pris. Je me nourris bien. Je prends plus de plaisir à manger, à essayer de nouvelles recettes. Réintégrer certains aliments ne m’angoissent plus autant qu’avant. Les plis de mon ventre et la grosseur de mes cuisses non plus… Quand je m’arrête pour écouter mon corps, la plupart du temps je me sens bien. Je comprends aussi que plus le trouble alimentaire se dissout, plus ma tristesse augmente. Moins je me restreins, plus la colère m’envahit. Je fais moins appel au trouble pour fuir, ce qui me force à confronter mes démons et angoisses… et à appliquer d'autres baumes sur mes plaies.
Des baumes sains.

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